Projet Hercule : vers un démantèlement d’EDF ?

Atomic Mac, décembre 2020.

L’émission de ce mois portera sur les mutations de l’industrie nucléaire civile française, en particulier la réorganisation/démantèlement du groupe EDF. Nous aborderons ce sujet avec Jérôme Schmitt, du syndicat Sud Énergie.


L’émission

  • 01 min : le billet de Georges à Fukushima
  • 05 min : Démantèlement d’EDF : se dirige-t-on vers une large contestation syndicale ? par Kim
  • 08 min : Vamos a la playa, Righeira
  • 12 min : l’interview de Jérôme Schmitt, partie 1/2
  • 21 min : J’ai tout plein d’amis au MEDEF, Frédéric Fromet
  • 24 min : l’interview de Jérôme Schmitt, partie 2/2
  • 38 min : En coulisses, l’État prépare le financement de six nouveaux réacteurs EPR, par Dominique
  • 42 min : l’agenda

Le billet de Georges à Fukushima

par Georges

Bonjour à toutes et tous , les infos de ce billet sont tirées d’un documentaire scientifique  de 2016 diffusé par Discovery Channel dans lequel interviennent , Charles Casto (ancien directeur de la commission de régulation nucléaire du Japon , Akira Ono directeur de la centrale de Fukushima daichi et  Joel Lambert , ancien commando de marine, qui pénétre les zones interdites de la centrale de Fukushima pour évaluation ! Pour cela avec  combinaison, masque et dosimétre sa visite ne peut dépasser deux heures avec une limite de 100 microsievert/heure  prés des réacteurs ! Dans ce docu, il nous est expliqué :

que les ouvriers suite au séisme , après avoir été exposés à de fortes radiations de iode 131 et de césium 137 ont repris le contrôle de la centrale  petit à petit ! c’est pour ça qu’une couche d’asphalte et de béton ont été déposé sur les surfaces irradiées qui  ont permis de réduire les radiations à 10 pour cent !une fois les réacteurs refroidis par des tonnes d’eau une unité spéciale de nettoyage avec des robots  de technologie de pointe a été créé pour décontaminer l’eau et dégager les débris : les semi-conducteurs des robots sont affectés par les radiations ainsi que leurs caméras ccd par des bruits parasites  !d’après le directeur , la centrale est toujours en condition d’alerte avec des équipes qui se relaient 24h/24 !idem pour l’infirmerie avec service médical complet et ambulanciers dispos 24h/24  les ouvriers sont  vus ainsi que des héros : ils ont donc droits a des cellules aménagées dans des containers !l’eau récupérée est décontaminée à l’aide des filtres sarry et kurion  du césium et du strontium mais pas du tritium avant d’etre injectée ! D’après les agriculteurs la limite de radiation des aliments fixée a 500 bq/KG générant beaucoup de rejets a été ramené à 100 bq/kg 

!Sur le stockage,  ll est affirmé littéralement : «  vu le nombre de cuves de stockage/1000 et les kms de tuyaux necessaires sans compter les failles de la structures des batiments il y aura probablement des fuites ! »

La cantine des ouvriers a été  installée en 2015 : Avant le casse croute apporté était mangé froid dehors assis par terre !

Les pécheurs de Onahoma , dévasté par le tsunami , ont perdu 120 bateaux sur 350 ! certaines espèces interdites et la peche encore en essais , avec une norme de 50 bq/kg font dire au pécheur syndicaliste : «  puisqu’on ne peut rien y faire in n’y a qu’une seule solution c’est de continuer de faire de mieux en mieux pour fournir aux clients des poissons sans risques ! » Dans le cadre de projet Fukushima excursion ( depuis octobre 2013) la visite en UN JOUR autour  de Fukushima est possible !Les 3 réacteurs ont une température controllée de 20 degrés celsius et ENFIN SACHEZ QUE LE REACTEUR NUMERO 4 EST LE PLUS STABLE !Pour terminer , les ouvriers sont tous équipés de petites torches…EN CAS DE COUPURES DE COURANT et les salles de contrôle de barres d’appui .. en cas de SEISME ; les petits réacteurs modulaires , sans eau ni électricité et SANS PLANS D URGENCE sont cités comme SOLUTION D AVENIR…


Démantèlement d’EDF : se dirige-t-on vers une large contestation syndicale ?

par Kim

36 % : c’est le taux de grévistes annoncé par la direction d’EDF pour la journée de mobilisation du 26 novembre dernier, à l’appel de l’intersyndicale. Les revendications des syndicats portent essentiellement sur deux sujets : défendre un service public de l’électricité et refuser le démantèlement du groupe EDF et donc dire non au projet Hercule. Dans un communiqué commun, les syndicats dénoncent, je cite « un projet de démantèlement qui ne serait rien d’autre qu’un meccano capitalistique sans projet industriel et sans vision stratégique pour le service public de l’énergie ».

Le projet Hercule, c’est quoi ?
Il s’agit d’un projet de découpage du groupe EDF, projet directement piloté par l’Élysée. Ses principales lignes sont connues depuis mi 2019 et consistent en le découpage d’EDF en trois entités : (1) EDF Bleu, qui abriterait les activités nucléaires historiques, détenu à 100 % par l’État, (2) EDF Azur, qui récupèrerait les barrages hydroélectriques et dont Bleu serait actionnaire à 100 %, (3) EDF Vert, détenu à 65 % par l’État et qui comprendrait les activités concurrentielles telles que la distribution et le développement des énergies renouvelables.

Pourtant, le PDG d’EDF Jean-Bernard Levy et la ministre de la transition écologique Barbara Pompili jurent leurs grands dieux que l’électricien restera « un groupe intégré ».
Oui, mais ce qu’ils oublient de dire, c’est qu’ils ne sont pas à la manœuvre : les négociations sont menées entre l’Élysée et la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne, sur, d’une part, le dispositif ARENH, Accès régulé à l’électricité nucléaire historique, et, d’autre part, sur le démantèlement d’EDF.

Pourquoi donc la Commission européenne intervient-elle dans ce dossier ?
Car c’est elle qui doit permettre le fonctionnement d’un marché concurrentiel pur, en limitant l’intervention des États qui fausserait le jeu de la concurrence. La main invisible du marché serait donc gantée de bleu avec des étoiles d’or.
En outre, le démantèlement annoncé d’EDF est lié à un contexte financier désastreux pour l’électricien. Son endettement ne cesse de se creuser pour atteindre 41 Mds EUR net fin 2019. La faute à des investissements et choix stratégiques douteux, tels que l’achat de British Energy en 2008 et le lancement du projet d’EPR à Hinkley Point. Malgré cela, EDF doit prévoir des investissements massifs : qu’il s’agisse du démantèlement de ses installations, de la gestion de ses déchets, du grand carénage et du projet des six EPR supplémentaires.

Les salariés·ées ne comptent pas attendre pour savoir à quelle sauce ils et elles vont être mangés·ées.
Non, en effet, après la mobilisation nationale du 26 novembre, l’intersyndicale vient d’interpeler les députés, sénateurs et sénatrices dans une lettre ouverte, en leur demandant de s’emparer de cette problématique. Les syndicats attendent également un rendez-vous avec le premier ministre Jean Castex, avant une probable nouvelle journée de mobilisation le 10 décembre.


En coulisses, l’État prépare le financement de six nouveaux réacteurs EPR

par Dominique H

Le Monde a dévoilé à l’automne 2019 l’existence d’un programme de construction de trois paires d’EPR de nouvelle génération (EPR2) dont le coût global est actuellement évalué à 47 milliards d’euros .  EDF est incapable de financer seule ce programme car sa dette va exploser d’ici à 2028, passant de 41 milliards fin 2019 à 57 milliards en 2028 . L’État apporterait sous forme de subventions d’investissement plus de la moitié des fonds nécessaires : 25,6 milliards d’euros si  EDF se révèle capable de construire ses nouveaux réacteurs en respectant les délais et les devis, ce dont on peut douter. En cas de dérapage, l’État devra remettre la main à la poche : jusqu’à 30 % de surcoût, il assumera entre 50 et 100 % de la facture supplémentaire, et 100 % au-delà de 30 % de surcoût.

Comment l’État peut-il financer ce projet alors que les finances publiques sont déjà dans le rouge « écarlate » ?

1 Comment l’Union européenne, qui encadre très strictement les aides publiques, va-t-elle réagir face à un financement aussi massif ? On a déjà, en partie au moins, la réponse: en exigeant un démantèlement du groupe EDF, c’est le projet Hercule dont Kim a parlé.

2 Autre piste: la taxonomie des activités soutenables. Pour le moment, le nucléaire ne fait pas partie des énergies vertes définies par la Commission européenne et votées par le Parlement européen. Mais des discussions sont en cours entre la France et l’Allemagne. Donnant donnant : le nucléaire et le gaz, définies comme énergies de transition, pourraient  profiter des financements verts.

3 Mais ce n’est pas le seul problème: la France ne risque-t-elle pas de se retrouver en rupture d’électricité à moyen terme ? Ce programme de construction doit s’étager entre 2024 et 2044. Or, d’ici là, 34 réacteurs auront atteint les soixante années d’exploitation (à condition que l’autorité de sûreté nucléaire autorise jusque-là l’allongement de leur durée de vie). Les fermetures prévisibles au cours des vingt prochaines années ne seraient compensées que très partiellement par quelques nouveaux réacteurs, certes plus puissants , et l’équilibre offre-demande se retrouverait sous forte pression. RTE (réseau de transport d’électricité), qui gère cet équilibre, indique avoir en cours de réalisation une étude prospective à l’horizon 2050; elle sera publiée au printemps prochain.

4 Autre question et non la moindre: comment prendre en compte les conséquences du changement climatique sachant que les nouveaux réacteurs seront prévus pour fonctionner jusqu’à la fin du siècle ? On constate déjà que depuis plusieurs années le fonctionnement du parc en exploitation est significativement perturbé durant les mois d’été car la baisse importante des principaux cours d’eau complique le refroidissement. Or, avec la hausse prévisible des températures (jusqu’à +7°C d’ici à 2100 selon le Giec si rien n’est fait pour combattre le changement climatique), la sécheresse augmente  en Europe, ce qui pourrait se traduire par la disparition de certaines rivières ou fleuves en France.

Installer les réacteurs en bord de mer uniquement n’est pas non plus la bonne solution : il faudra prendre en compte le risque de submersion des zones côtières en raison de la hausse du niveau des mers et de l’intensification des tempêtes sur la façade atlantique.

Conclusion : en imposant le maintien de l’énergie nucléaire dans le mix électrique français, Emmanuel Macron n’a-t-il pas fait un choix dont la France n’a plus les moyens ?